[RPG] Et si on parlait affaires dans un cadre doré?

Enfin, Joy-Alice et son invité plutôt spécial franchirent les portes de marbre du Gold Palace, massives et impressionnantes mais toujours ouvertes pour accueillir les clients. Ils avaient même déroulé un long tapis couleur or ...
La jeune fille était encore un peu sale, mais peu importe. Le chef du restaurant, en l'apercevant, vint à sa rencontre, tout sourire ... et se figea en apercevant l'inconnu derrière elle.

- Joy-Alice, voyons ... Vous ramenez des voyous, maintenant? Quelles sont ces fréquentations? Je ne veux pas de telles personnes ici ...
- Il m'a sauvé la vie alors que j'avais failli me faire agresser. Je lui dois ma santé, vous devriez en être ravi.
- Vraiment? Ah .. Je vois. Mais j'espère que cet ... individu ne causera aucun soucis ici !! Il y a des gens importants en ce lieu !! Sinon, vous aurez affaire à moi ...
- Et vous non plus, vous n'aurez plus affaire à moi ni à ma famille ... Ni au cuisinier de talent que vous avez en ce moment et qui a fait votre réputation, c'est mon cousin, ne l'oublions pas. Quand je parle de ma famille, je veux dire TOUTE ma famille ... Mes parents ne viendront plus manger tous les soirs ici, quel dommage ...
- C'est bon! Je veux bien fermer les yeux pour cette fois ...

Il baissa la tête, vaincu. Trop facile.

[b]- La table habituelle, s'il vous plaît.

Le chef héla un serveur, qui les mena à l'endroit indiqué. Le Gold Palace avait la particularité de posséder plusieurs salles pour s'adapter au goût des clients; l'une était en fait un gigantesque aquarium peu profond mais étendu, sur lequel étaient disposées toutes les tables; dans les coins, des cascades peu bruyantes agrémentaient l'endroit. Une autre ressemblait à une salle de bal, avec de grands lustres de cristal au plafond; on y accédait en passant sous des arches également faites de cristal, qui se teintaient parfois de couleurs éclatantes grâce à des effets pyrotechniques. Il y en avait d'autres, également. Mais ce qui intéressait Joy-Alice, c'était celle en plein air. Les tables étaient disposées au milieu d'un jardin, chacune derrière un massif de fleurs ou dans un coin un peu isolé, garantissant l'intimité pour chaque table. La sienne était située sous une tonnelle, qui côtoyait quelques orchidées, ainsi qu'une petite fontaine à l'effigie de Vénus entourée de jeunes filles qui déversaient délicatement de l'eau. Les couverts étaient en cristal, les assiettes en porcelaine, et quelques bougies parfumées se consumaient doucement. Une ambiance romantique qui n'avait rien à voir avec son invité; mais elle s'en fichait bien, c'était elle qui l'invitait après tout. Elle s'installa sur sa chaise, sans quitter Isaac des yeux. La lumière des bougies faisaient rougeoyer ses beaux cheveux.

- Alors, qu'en pensez-vous?

En réalité, elle se fichait de ce qu'il pensait; elle demandait cela juste par politesse.

Isaac pénétra le Palace à la suite de la jeune fille, un mince sourire aux lèvres. Si, dans les quelques secondes qui suivaient, la sécurité ne lui tombait pas dessus comme des molosses enragés... Eh, bien il semblerait que cela sera pour une autre fois. Il avait visiblement le meilleur des sauf conduit. Quelques gardes tentèrent bien de le défaire de son arme: mais le regard du sbire les fit reculer avec méfiance. Il suivit Joy-Alice, traversant des salles absolument splendides, sans apparemment un regard vers le gratin qui s'y pressait. En réalité, il photographiait tout, retenant la disposition et la composition des salles. Sait-on jamais... La jeune fille avait choisit le plein air, les fleurs, les bougies... Comme c'était romantique.

Il ôta son manteau et le posa sur sa chaise, avant de s'installer face à la jeune femme, d'une manière surprenante, car elle dénotait d'une éducation qu'il semblait bien incapable de posséder. Sa lance reposait discrètement à ses côté, accessible à tout moment. Mais pour l'instant, il se tenait bien. Très bien, et même avec un je-ne-sais-quoi d'élégant. Les bougies se reflétaient dans ses yeux dorés, y allumant des flammes hypnotiques.

"Cela vous intéresse? Je trouve cela tout à fait digne de l'enflure de suffisance des grands de notre ville."

Il lui sourit, carnassier.

Encore de l'ironie. Joy-Alice, sans flancher, répondit à son sourire carnassier. En réalité, elle s'amusait beaucoup. Cet homme était quelqu'un de fascinant.

- Vous avez raison. Je suppose que voir autant de gens riches vous horripile ... Ou que vous êtes en train de vous demander comment leur faucher tout ce qui peut avoir de la valeur ... Après tout, vous êtes un Sbire.

Le serveur l'interrompit en amenant la carte. La jeune fille la saisit d'un geste délicat, et jeta un oeil au menu qu'elle connaissait presque par coeur. Elle allait prendre comme à son habitude: blinis au blé complet accompagnés de différents caviars, puis en plat principal un ortholan farci aux morilles accompagné d'un délicieux gratin dauphinois et de courgettes grillées. Elle attendit que son invité choisisse son plat ... Après seulement, ils pourraient enfin discuter sérieusement.

Isaac fixa la jeune femme sans ciller. C'était une louve. Jeune, inexpérimentée, mais avec des dents longues et aiguisées. Espèrons pour elle qu'elles soient assez dures.

"Hum... Certains d'entre nous possède un compte en banque qui tiendrai parfaitement la comparaison avec celui de votre père... La chasse est une activité lucrative."

Ses yeux avaient brièvement luit d'une lueur malsaine lorsqu'il avait parlé de chasse. Cette fille pourrait elle jamais comprendre cette ivresse lucide? Ce plaisir? Même parmi ses pairs, le rouquin en connaissait peu qui comprenait cette addiction. Le serveur les interrompit. Après quelques secondes de réflexions, et un regard rapide à la carte, il commanda le plat du jour. Non pas qu'il ne connaissait pas les mets qui y étaient présenté, simplement, il s'en fichait complètement. Ils étaient ici dans un but précis. La chasse allait commencer. Isaac reporta son regard vers la jeune fille, attendant qu'elle prenne la parole.

Ahah ... Du bluff, bien entendu. Personne n'était aussi riche que son traître de père.

- Je n'en doute pas, vous devez gagner énormément d'argent ne serait ce que pour une seule traque ... Mais comme on dit parmi nous, cupide comme un Sbire, n'est ce pas? Vous pratiquez la chasse au Morph en tant que loisir, mais plus la récompense est grande, plus vous êtes motivés ... N'est ce pas l'illustration du profit qui corrompt l'âme?

Le regard de Joy-Alice se teinta d'une lueur malsaine, contrastant avec son faux air angélique. Oui, elle connaissait en partie le serment des Sbires ...

- Bien. Maintenant, nous allons pouvoir enfin discuter sérieusement. Je vous ai déjà expliqué la situation; il s'agit d'une grosse prise. Et c'est plutôt risqué, étant donné le nombre de gardes du corps qui vont être engagés sous peu. Et la propriété est une vraie forteresse. Mais j'ai confiance en vos capacités ... Je vous propose un million et demi de Moyins.

Elle n'avait aucune idée de ses tarifs habituels, et ne préférait pas s'engager là dessus avec lui; nul doute qu'il tenterait de lui mentir pour faire flamber la somme à la clé. Elle avait largement les moyens, et elle les aurait encore plus s'il réussissait.

Isaac se redressa légèrement. Elle connaissait donc le serment? Une partie en tout cas. Et l'argent pour seul maitre? Sans doute. L'enfer pour seul espoir... Qui sait? Le rouquin s'installa un peu plus confortablement, mais resta correct, pour le moment du moins. Cette gamine était peut-être plus intéressante qu'elle en avait l'air. Son compte en banque surtout. Ne trahissons pas la réputation des Sbires... Il s'accorda un moment de réflexion. On ne pouvait pas dire qu'il dépensait énormément, une folie de temps en temps, sans plus, et un millions et demi de Moyins équivaudra au quart de son compte en banque, environ. Cela pouvait être intéressant. Il la laissa lanterner quelques instants de plus, par plaisir. Il prit la parole, d'une voix douce, presque suave.

"Mes prix ne sont jamais fixes, je les ajuste en fonction de la difficulté. Mais votre offre me semble une bonne base"

Il esquissa un sourire désinvolte, tandis qu'un serveur empressé apportait les entrées. Isaac refusa courtoisement le vin, souriant fugitivement au bref étonnement du sommelier. Parce qu'il avait l'air d'un ivrogne peut-être?

Parfait ... Elle n'avait pas l'habitude d'affaires aussi simples. Même pas de discussion d'emblée sur le prix .. Elle n'aurait pas à faire pression. De toute façon elle n'en avait pas envie.
Le sommelier fit une rapide apparition, repoussé par son invité. Elle faillit le rappeler, mais elle n'était pas majeure, et elle se voyait très mal demander la permission à Isaac pour prendre de l'alcool ... Quoiqu'on ne lui refusait rien, ici. Mais ce sommelier était un petit nouveau ... et elle n'avait pas envie d'être ridiculisée devant le Sbire. Ce dernier avait eu l'air un peu étonné de son savoir sur le serment ...

- Cela vous surprend, apparement. Pourtant, je vous rappelle que j'étais déjà au courant pour votre Scorpion sur la hanche. Et ce n'est pas tout ... Mais ceci est une autre histoire.

Elle servit un grand verre d'eau à Isaac, avant d'en prendre elle même. La mission du rouquin s'annonçait prometteuse ... Mais elle espérait tout de même ne pas avoir fait d'erreur. L'avenir le lui dira ...
Avant, elle aimerait tout de même tester quelques petites choses concernant la façon de fonctionner d'Isaac.

- Au fait, pourquoi vous êtes vous engagé sur cette voie? Aviez vous de réelles motivations qui vous ont poussé à devenir Sbire?

Isaac dédaigna le verre et attrapa un canapé du bout des doigts, prenant son temps pour le déguster. Elle voulait en savoir plus sur lui? Elle n'allais pas être déçue. Il s'étira légèrement et croisa les jambes, observant la jeune fille, la tête légèrement inclinée. De réelles motivations? On pouvait dire ça oui.

"J"aime ça. La Chasse."

Ses yeux luisaient. Il adorait traquer. Resserrer l'étau autour de sa proie. La réduire à sa merci. Et parfois... Parfois tuer. Regarder le sang jaillir. Sentir son odeur métallique, sa chaleur sur ses mains. Voir la vie s'éteindre dans un regard. Ce sentiment de puissance qui vous envahissait, qui recouvrait tout. Meilleur que le sexe.
Un sourire étira les lèvres du rouquin, qui n'avait pas lâché la jeune femme des yeux. Il avait une lueur avide dans le regard, un éclat légèrement... Dément. Cela ne dura que le temps d'un respiration. Il fut de nouveau calmement installé face à elle, dans cet établissement policé, au milieu du ballet des serveurs et des personnalitées. Il n'était pas complètement fou... Pas encore.

[Jsuis xD jsuis connectée sur un ordi avec contrôle parental, que j'avais oublié de désactiver ... Et il a pas voulu m'afficher cette page ... :p]

Fallait-il admettre que c'était une raison suffisante? Peut être, après tout ... Elle, Joy-Alice, faisait de la danse pour le plaisir. La chasse était certes plus violente, mais après tout, on se divertit comme on peut ... Par ailleurs, il avait l'air de tenir à cet argument: le plaisir à l'état pur ... Pouvait-on être aussi sadique? Il fallait se rendre à l'évidence: elle avait engagé un déséquilibré. Mais ce n'était pas cela qui lui faisait peur, bien au contraire: un homme sensé ne serait pas capable d'accomplir l'horrible besogne de tuer un riche. Elle imaginait le Sbire, prêt à tuer son père, et ce dernier l'implorant de lui laisser la vie sauve en échange d'une petite compensation financière. N'importe qui aurait pu accepter; mais celui qu'elle avait engagé n'était pas de cette trempe. Il tuait pour l'argent, mais aussi pour le plaisir.
Joy-Alice attrapa l'un de ses blinis tartiné de caviar, et le dégusta avec délice. Qu'il était bon d'être riche.

- Et combien de proies avez-vous déjà tuées? Si ce n'est pas trop indiscret ...

Elle avait besoin de juger de ses compétences, bien entendu ...

[je ne comprend pas... XD]

Le rouquin se redressa, attrapant un canapé du bout des doigts. Ce fille voulait savoir Si l'homme qu'elle avait engager allait faire ce pourquoi elle le payerait. Quoi de plus naturel?[weight watchers \o/] Il se cala contre le dossier de sa chaise, les yeux à demi clos, tandis qu'il réfléchissait à la question posée. Combien en effet? Combien étaient morts?

Une femme rat, oui... Dans les jardins, une chute de trop... Un homme Cheval, le rouquin sentait encore l'odeur âcre de son sang, ruisselant dans ses cheveux sombres. Hum... Le Sbire finit son canapé, concentré. Ah oui... Une louve... Magnifique, même morte. Et un élu du dieu serpent. Un horreur, il n'était pas sensé le tuer, mais il avait faillit le mordre. Sans doute il y en avait eu d'autre, mais leur chasse n'avait pas laissée de souvenir impérissable à Isaac. Il rouvrit les yeux, fixant à nouveau la jeune femme. Il allait lui donner un ordre d'idée...

"Une dizaine peut-être. Ils sont surtout demandés vivants."

Une drôle d'expression passa sur le visage du rouquin. Quelque chose comme "hélas"? Allez savoir.

Bien sûr, Synapsos adorait faire des expériences sur des Morphs vivants ... Joy-Alice avait souvent entendu Ingray parler de leur laboratoire, comme c'était un ami de la famille, il leur racontait tout dans les détails sans hésitation ... Cet homme était parfois effrayant, mais fascinant. Pas comme les deux autres mauviettes de sous PDG ... Elle savait que seul son père connaissait le vrai PDG qui reste toujours dans l'ombre. Et qu'il ne leur avait jamais rendu visite ... Qu'il était bon de se sentir puissant.
Le métier de Sbire avait de quoi attirer la jeune fille. Chasser pour gagner encore plus d'argent, faire fonctionner tous ses neurones pour concevoir au mieux un traquenard ou user de ses talents d'actrice pour capturer un Morph en l'amenant à vous faire confiance ...

Joy-Alice termina ses blinis, le serveur vint retirer les assiettes des deux convives.

- Au fait, je ne vous ai pas demandé votre nom? Et depuis combien de temps êtes vous Sbire?

Le rouquin attrapa son dernier blinis et le savoura en fixant la jeune fille. Cette gosse de riche était pour le moment des plus intéressantes. Sa double question lui fit hausser nonchalamment un sourcil. Accentuant son expression naturellement moqueuse. Le ballet des serveurs continuait, mais ils avaient sans doute quelques minutes de battement avant les plats de résistances. Il répondit d'une voix douce:

"Mon nom? Trouvez-le, si vous êtes si bien renseignée... J'ai une petite réputation tout de même... Et avec mon nom, vous aurez mon ancienneté."

Ce n'était pas si difficile. Il avait une une silhouette des plus caractéristique. Isaac resta silencieux quelques instants, attendant une réponse de la jeune fille. Il ne voulait pas particulièrement la mettre en défaut, mais il voulait savoir jusqu'où allait ses connaissances. Les plats arrivèrent, puissamment parfumé. Le plat du jour était un gibier. La sauce sombre dégageait des odeurs enivrantes de sous bois, et une légère pointe de cacao amer. Lié avec du sang, sans aucun doute. Quelques pomme de terres briochées accompagnait la viande, cautionnée par une salade croquante. Le Sbire observa la jeune femme encore quelques secondes et reprit la parole.

"Un indice: Dans certains milieu, on m'appelle le Mat."

Allusion, bien entendu au tarot, ou cette carte privée de numéro propre pouvait aussi être nommé Le Fou. Saisirait elle le sous-entendu?

Le Mat ... Ce surnom étrange lui disait vaguement quelque chose, mais sa signification restait floue ... Pourtant, elle était sûre d'avoir déjà entendu ce nom. Mais où? Et prononcé par qui?
Il ne devait pas voir qu'elle hésitait .. Pourtant, elle ne s'aperçut pas tout de suite qu'on venait de lui apporter son plat. C'est avec un air absent qu'elle saisit sa fourchette et dégusta son ortholan ... Une chair extrêmement tendre, certainement le meilleur des petits oiseaux. Encore plus goûteux qu'une caille, ce qui était déjà délicieux ... Mais c'était hors de prix pour le commun des mortels. Quel dommage, ils ne savaient vraiment pas ce qu'ils manquaient ...

Joy-Alice reprit ses intenses réflexions. A quelle occasion avait-elle entendu parler du Mat? Le problème était qu'elle n'avait pas l'impression de l'avoir entendu dans un seul contexte ... Creusant un maximum dans sa mémoire, elle revit tous les milieux qu'elle avait fréquentés ... Mais comment aurait-elle pu entendre parler d'un Sbire dans les soirées mondaines où l'entrainaient ses parents? C'était plutôt le genre gratin de la société qui est choqué dès qu'il entend parler de meurtre, les grandes dames qui tombent dans les pommes à la simple évocation d'un crime ... Pathétique. La richesse a ses avantages, mais aussi ses inconvénients.
Alors, où ....... Qu'avait-elle pu bien faire? ...
Tout à coup, un éclair de lucidité. Oui, elle avait entendu parler du "Mat" dans un jeu. La belotte, peut être ... Non, c'était en rapport avec autre chose, toutes les cartes n'avaient pas un nom ... Avec le tarot, peut être? Elle avait entendu qu'une carte avait deux noms. Le Mat et ... l'Excuse, oui c'était ça! Mais quel rapport avec son invité ... L'Excuse n'avait-elle pas un troisième nom? Ah, si ... Le Fou ...
Ca lui paraissait l'hypothèse la plus vraisemblable. Le Fou, donc. Un peu difficile de faire la disctinction, car beaucoup de Sbires étaient considérés comme fous. Elle avait tout de même entendu parler de l'un d'eux, plus sadique que les autres, fou de sang et de traque, dans les yeux duquel on voyait parfois briller un éclat dément ... Peut être ce même éclat qui avait illuminé ses yeux dorés quelques instants auparavant ...

- ... Laforez ?

Il lui avait posé une colle. Elle remarqua à peine le plat déposé sur la table. Il mangèrent en silence, dégustant les viandes tendres et gouteuses. Le rouquin maniait ses couverts avec une exquise civilité, mais Quelqu'un observateur et connaissant son "métier" Aurait peut-être trouvé ses mains un peu trop adroites au maniement du couteau. Ce restaurant était une merveille, cela valait la peine de secourir les oies blanches perdues dans les bas-fonds. Son assiette terminée, il déposa délicatement ses couverts et fixa à nouveau ses yeux dorés sur la jeune femme.

Elle cherchait toujours, mais il avaient tout leur temps n'est ce pas? Il croisa les jambes, légèrement renversé dans son siège. Elégant, dangereux. Un serveur, parfaitement silencieux, retira son plat vide, mais en repartant faillit chuter en se prenant les pieds dans la lance du Sbire. Celui-ci réagit aussitôt, interceptant le jeune homme dans sa chute, l'assiette miraculeusement intacte. Rouge de confusion, le garçon se confondit en excuse et se sauva, tandis que son sauveur se rasseyait tranquillement. Il n'avait pas besoin de désordre pour l'instant, cette chute aurait été inutile. En face de lui, le regard de Joy-Alice s'éclaira. Elle avait enfin compris son allusion. Il sourit lentement, carnassier.

"Lui-même."

Maintenant, le reste coulait de source. Il avait commencé jeune, et il s'était fait un nom par ses méthodes, par sa tendance à user de tout les moyens pour arriver à ses fins. Par son instabilité aussi... Il était un prédateur, trouvant son plaisir dans la Traque et le sang. Faire appel à lui, c'était ne pas se soucier des éventuels dommages collatéraux.

Maintenant qu'elle avait eu confirmation de l'identité de son invité, Joy-Alice se demandait si elle avait vraiment bien fait de l'engager ... Elle avait entendu dire que lorsqu'il traquait, plus rien d'autre n'avait d'importance, qu'il était tel un démon du Mal qui incendiait tout sur son passage pour atteindre son but ultime. C'était quelqu'un de terrifiant, mais aussi tellement fascinant ...
Mais malgré tout, elle n'apprécierait pas qu'il tue quelqu'un d'autre de sa famille ... Sa mère, ce n'était qu'un détail, cette femme excentrique aux tendances hystériques qui n'avait jamais su s'occuper de ses enfants ("Ce n'était pas son rôle dans la société d'être toujours occupée avec sa progéniture", disait-elle), du moment qu'il ne touchait pas à sa nourrice ni à son petit frère et sa petite soeur ... Dans le cas contraire, elle lui ferait payer, dut-elle y risquer sa vie; même réduire sa récompense ne serait assez doux pour un assassin de ceux qu'elle aimait.

Elle esquissa un sourire moqueur à la vue du serveur catastrophé rattrapé par Laforez, ce qui la détendit un peu. Il n'y avait aucune, vraiment aucune raison qu'il s'en prenne aux innocents: elle veillerait juste à ce qu'ils restent un peu à l'écart de la maison lorsqu'il accomplirait sa délicate besogne.

- Bien ... Enchantée de vous connaitre, donc.

Elle fut interrompue par le même serveur, qui avait cette fois pris garde à détourner Isaac sans le regarder dans les yeux ... Il valait mieux se faire oublier ... Il déposa la carte des desserts devant les deux convives. Joy-Alice l'ouvrit, et choisit le délicieux assortiment de macarons accompagnés d'une boule de glace à la fraise et d'un coulis aux fruits rouges. Faisons simple cette fois ci.
Elle vit alors revenir le maladroit serveur, et pensant qu'il comptait commander, se tourna vers lui ... Mais au lieu de cela, il lui remit une enveloppe sur laquelle était marqué son nom, d'une écriture calligraphiée et légèrement italique. La jeune fille pâlit et déchira le papier pour en sortir un petit mot ... Son père. Comment avait-il su ... ? Elle se mordit frénétiquement la lèvre inférieure, contenant sa colère; à la fois outrée et paniquée, elle entama sa lecture:

Très chère Joy-Alice,
Je n'apprécie guère que vous fréquentiez de tels individus et, qui plus est, les ramener dans un établissement aussi prestigieux que le Gold Palace. Qu'avez-vous donc dans la tête? Pensez-vous à la réputation de notre famille? Voyons, mais tout le monde vous connaît ici! Voulez-vous vraiment que nous soyons la risée de Bright City au prochain gala de la semaine prochaine? Je vous pensais mature, je vous trouve irresponsable. Soyez assurée que votre attitude aura des répercussions sur le testament familial.
Cordialement,

Hugues Feldback

Joy-Alice bouillonnait de rage. Ainsi, le patron du restaurant avait dès lors avertit son père de leur arrivée ... On ne pouvait rien faire sans être continuellement surveillée! Si elle n'avait pas été en public, face à son futur employé, elle aurait déchiré cette lettre avec frénésie, réduisant à néant les mots d'un père aussi peu chaleureux qui emploie "cordialement" en tant que formule de politesse en s'adressant à ses enfants ...
La tâche d'Isaac se précisait de plus en plus. Et maintenant, il fallait faire vite avant que l'information ne se propage ...
Mais maintenant, elle était coincée. Beaucoup de monde avait remarqué Isaac, mais peut être ne savaient-ils pas qu'il s'agissait d'un Sbire. Le patron du restaurant non plus, il l'avait juste désigné comme "individu peu recommandable" lorsqu'il avait certainement passé un coup de téléphone à son père. Mais maintenant, ce dernier allait se méfier ... Même peut être aller raconter à la police que ses jours étaient en danger et que sa fille y était pour quelque chose ...
Non, peut être pas. Il pourrait très bien prendre cela comme un caprice d'adolescente en rébellion contre le système familial. Sans quoi, il n'aurait pas pris le risque de la déshériter. Son père était quelqu'un d'intelligent, malheureusement. Oui, il avait certainement du fonctionner comme cela ... Il ne la prenait toujours pas au sérieux. Et c'était un bon point ...

- Laforez, je veux que vous passiez à l'action le plus vite possible. Ce soir, s'il est possible.

Ce serait le mieux, car son père allait s'activer dès le lendemain pour changer son testament, elle le connaissait ...

- Mais je compte sur vous. En vous voyant ici, beaucoup de monde pourrait faire le rapprochement entre l'assassinat de mon père et moi ... Je veux que vous ne laissiez aucune preuve, de manière à ce que personne ne puisse prouver notre culpabilité à tous les deux. Je sais que c'est à votre portée ... Comment comptez vous faire?

Le serveur revint, cette fois ci pour prendre leur commande. Joy-Alice avait conscience qu'elle devrait jouer serré ...

[message subliminal: reviens sur Kyuu *yeux de bambi]

La jeune fille ne semblait plus si heureuse d'avoir engager un Sbire. Tant pis pour elle. Maintenant, il fallait assumer les conséquences de ses actes. Ça la changera. Il lui accorda un regard amusé. Le Serveur revint, légèrement tremblant, évitant soigneusement de le regarder. Un sourire revint sur les lèvres du rouquin, qui s'amusa à fixer le pauvre garçon, dont es tremblement s'aggravaient encore. Il mit fin à son supplice en commandant Un fondant au cacao amer [comme c'est surprenant...] Le serveur reparti, il se tourna vers la jeune femme, mais le garçon revint, porteur d'une lettre.

Cette lettre était visiblement importante, Joy-Alice étant dans tout ses états avant même de l'avoir ouverte. Ce fut pire après. On aurait dut que sa seule envie était de transformer en confetti la pauvre morceau de papier qu'elle tenait entre ses doigts crispés. Quelque chose lui disait que la suite allait être intéressante. Il se redressa légèrement, un sourcil levé, interrogateur. Ce soir? Il lui faudrait travailler dans l'urgence. Merveilleux. Vraiment. L'odeur de la traque se précisait. Elle posa ses condition, mais il ne l'écoutait déjà presque plus. Il se sentait merveilleusement détendu, et en même temps prêt à se lever en un instant. Serein et violent. Il adorait cette lucidité qui s'emparait de lui. Comment s'y prendre? Il cligna paresseusement des yeux.

"Ou est votre père en ce moment?"

Le serveur amena les desserts, évitant le roux des yeux, littéralement terrorisé.

Sa rage de moins en moins bien contenue, Joy-Alice plongea son regard dans celui du Sbire. Ses yeux la calmèrent légèrement ... Lui, en revanche, semblait plutôt tranquille. Comme un chasseur qui est assuré de donner la mort à sa proie, presque trop facilement.
Elle prit une grande inspiration.

- En ce moment, il est à son bureau. Il est resté pour travailler tard ... Vous savez, c'est le grand building en verre de la rue du Renard Blanc, au coeur du BCC. Aujourd'hui, il porte une veste en tweed des plus ridicules, vous le reconnaitrez facilement, je pense. Il a également des lunettes à montures dorées, et des cheveux poivre et sel.

Voilà, c'était dit. Maintenant, elle ne pouvait plus reculer ... c'était mieux que Laforez le tue loin de leur propriété. Le mieux aurait été dans les Bas Fonds, mais ce n'était pas crédible que son père s'y trouve. Par contre, le BCC était très surveillé par la police, cela ne serait pas une mince affaire de passer inaperçu. Mais elle croyait en les capacités du Sbire.
Elle dégusta son dessert d'un air absent, puis le serveur vint leur apporter l'addition salée. Ah oui, c'était vrai, il était nouveau. Joy-Alice sortit sa carte bleue et paya. Mais elle pensait surtout à protéger d'Isaac ceux qu'elle ne voulait pas impliquer dans cette affaire. Il fallait qu'elle rentre tout de suite.

- Bien, j'espère que vous avez apprécié le repas. Je compte sur vous, monsieur Laforez .. Vraiment. N'oubliez pas: aucune preuve. Sinon, je n'hésiterais pas à vous livrer aux autorités si l'on peut faire le rapprochement entre nous deux. C'est tout. Bonne chance ...

Elle le remercierait quand la tâche sera accomplie. Joy-Alice se leva, et quitta la table ...

Isaac prit le temps de manger son dessert, écoutant les indications de la jeune femme. Il allait devoir traquer un vieillard sans doute bedonnant dans un bureau. Quelle difficulté insurmontable mes pauvres amis. Bien entendu, il fallait tout d'abord réussir à atteindre le-dit bureau, la rue du Renard Blanc étant pour le moins huppée, et donc extrêmement sécurisée. Le rouquin reposa sa cuillère et décroisa les jambes. Les choses sérieuses allaient commencer. Sa cible devait mourir, ce n'était désormais qu'une question d'heures. S'il était rester travailler, sans doute ne quitterait'il pas le building de verre avant le lendemain. Ses employés ne s'inquièteraient de sa disparition au plus tôt à l'heure du café, sans doute. Il lui faudrait donc s'infiltrer dans le quartier des affaires, et ensuite pénétrer les défenses du bâtiment et trouver le bureau. D'ailleurs, le bureau... Joy-Alice se levait. Il se redressa à son tour, la suivant vers la sortie, et demanda d'un ton négligent:

"Quel étage, le bureau?"

Bien entendu qu'elle pouvait compter sur lui. Il tuera sa cible, ou qu'elle se cache. Il sera à ses trousses comme la meute derrière le cerf. Mais sans les chasseurs pour le maitriser...

Joy-Alice se tourna une dernière fois vers Isaac, sans expression précise sur le visage.

- Etage 51.

Rien d'autre, seulement ces deux mots qui planaient comme une menace, l'annonce d'une mort prochaine, la fixation d'un destin brisé. Mais il ne fallait pas prendre sa progéniture pour des moins que rien. Elle le savait, ils méritaient tous mieux.
Cette fois ci, Joy-Alice tourna le dos à son invité, faisant tourner les volants de sa robe. Elle se dirigea d'un pas leste vers la sortie, non sans lancer un regard de reproche et d'avertissement au patron. Une fois dehors, elle disparut dans la nuit, vers sa luxueuse villa. Il était temps de mettre ses proches à l'abri, comme lorsque l'orage s'annonce un soir d'été ...

[Mouarf je suis inspirée :x]

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