[RPG] Meeting with the Death

Suite à un message vocal sur son portable, Mordecaï s'était finalement rendu aux Babylon Gardens afin de rencontrer la jeune femme qui devait lui confier une mission. Il s'était avéré que la situation s'était compliquée pour elle, et qu'elle avait du quitter son appartement pour au moins la soirée ... Donc, elle lui avait donné rendez-vous dans un endroit où ils seraient tranquilles: l'allée des Murmures, en plein coeur du secteur 5, qui correspondait aux jardins à l'anglaise.

Il parvint enfin à l'endroit dont ils avaient convenu: un simple banc de bois face au lac central. Le Chef des Sbires y prit place; quelques minutes plus tard, une silhouette se profilait dans l'allée pour s'arrêter devant lui. Il put enfin dévisager sa cliente: de longs cheveux blonds ondulés, un visage fin, mince, élégante, gracieuse. Il ne pouvait distinguer la couleur de ses yeux, mais ce qu'il discernait suffisait à la rendre séduisante à ses yeux.

- Bonsoir, belle demoiselle. Sonja, je présume?
- On ne peut rien vous cacher, Mordecaï.
- C'est une facette de mon métier, de tout savoir ...

Le Sbire se décala afin de permettre à la nouvelle arrivante de s'asseoir. Lorsqu'elle se mouvait, elle dégageait un délicat parfum floral, très agréable.

- Vous vouliez donc me voir. Pour que je vous offre mes services.
- Oui. J'aurais besoin que vous capturiez un Morph précis ... L'Elu du Dieu Chacal. En fait, je veux que vous me le rameniez mort.
- Oh, je vois ... C'est dans mes cordes. Vous me payez combien?
- 40 000 Moyins.
- Pensez-vous que cela soit assez?
- Ca me paraît acceptable.
- Pas à mes yeux.
- 45 000 ?
- Vous me sous-estimez; attention, je pourrais me vexer.
- 50 000; c'est mon dernier mot.
- J'accepte.
- Vous m'en voyez ravie. Notre marché est donc conclu?
- Je le crois bien.
- Dans ce cas, peut être pourrions-nous profiter d'un moment plus propice à la détente ... J'ai encore beaucoup de temps devant moi, vous savez. Et si vous êtes d'accord pour passer une partie de cette soirée avec moi, je vous autorise à prendre du retard dans votre chasse ...

Son ton s'était fait plus suave; une sirène d'alarme retentit dans la tête de Mordecaï. Certes, elle était séduisante ... Mais un écart était-il recevable? Au moins pour son honneur ... La tentation était grande, il n'y avait pas à dire. Depuis combien de temps n'avait-il pas été en compagnie d'une femme? Il ne s'en souvenait même plus. Elle avait raison: il était temps de se détendre un peu.

- J'accepte votre invitation, Sonja.
- J'en suis flattée! Je vous avouerais que j'avais prévu le coup: j'ai rapporté une bouteille de champagne dans mon sac. Avec deux coupes en plastique. Vous en voulez?
- Avec plaisir.

Quelques flûtes plus tard, l'ambiance était plus détendue: Sonja était intarissable. Elle avait bien posé quelques questions sur la vie personnelle de Mordecaï, mais ce dernier restait encore méfiant ... Bien que sa vigilance fut de plus en plus endormie à mesure que la jeune femme s'allongeait sur lui. Le contact de son corps était délicieux, et loin d'être anesthésiant. Plutôt excitant, même s'il préférait rester passif.
Cependant, lorsque Sonja approcha ses lèvres des siennes, il ne se déroba pas. Au contraire, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas goûté à quelque chose d'aussi délectable que ce baiser ... Comment avait-il pu rester si loin des femmes pendant aussi longtemps? Maintenant qu'il y avait Raphaël, il aurait peut être plus de disponibilité pour prendre du bon temps ...
Non, ce n'était pas raisonnable de penser ainsi. Il était chef des Sbires, après tout. Il s'était tenu à tant de rigueur jusqu'à maintenant! Pourquoi Sonja le ferait-il craquer, et renoncer? C'était idiot.
Cette dernière revint à la charge: cette fois ci leur baiser fut plus long, plus passionné. Cela faisait si longtemps ... Les automatismes restent. Mordecaï passa ses bras autour de sa taille et l'embrassa dans le cou. Mais elle emprisonna à nouveau ses lèvres entre les siennes, l'empêchant de se dérober. Une telle insistance ... C'était étrange. Peut être devrait-il en rester là ...

Mais il n'avait compris que trop tard. L'évidence se manifesta lorsqu'il sentit une capsule glisser entre ses dents, que Sonja lui avait faite passer par cavité buccale interposée. Il ne pouvait faire autrement que de croquer dedans ... Et la membrane était terriblement sensible. Il s'en rendit compte au moment où le liquide chaud s'écoulait dans sa gorge sans qu'il puisse le stopper. Ingénieux, en vérité: elle avait du garder soigneusement la capsule dans un coin de sa bouche sans l'exploser pour lui transmettre avec ce semblant de relation ... Comment avait-il pu être aussi aveugle?

- Tu es ... la soeur de Donna ...
- Tu as mis du temps à comprendre, Mordecaï. Trop de temps!
- Je ne te demande pas pourquoi tu me gardais tant de rancune, ce serait condescendant ... Ce poison ... Il engourdit déjà mes muscles. C'était très ingénieux.
- N'est ce pas? Mais je te rassure: il n'est pas mortel. Juste paralysant. Je ne pouvais pas prendre le risque d'exploser moi même la capsule et de mourir ...
- Alors, à quoi bon?

Sonja se rapprocha, lui offrant une vue panoramique sur son décolleté. Elle poussa même le vice jusqu'à lui lécher délicatement l'oreille avant de lui murmurer:

- Ce n'est pas le poison qui va te tuer ... Ni moi d'ailleurs ... Je n'aime pas avoir du sang sur les mains; le tien est trop sale pour que je m'en salisse.

Elle se redressa pour le dominer de toute sa taille. Un sourire malsain s'était dessiné sur ses lèvres.

- Tu as rendez-vous avec la Mort ce soir, Mordecaï ... Je suis quand même enchantée d'avoir fait ta connaissance. Tu embrasses bien, tu sais? Et tu avais peut être d'autres talents cachés, j'aurais du te garder plus longtemps finalement ... Mais bon, c'est fini maintenant. Adieu ...

Sonja fit un signe de la main; un homme comme une armoire à glace sortit des buissons. Un tueur à gages, certainement. Mordecaï avait encore une chance de s'en sortir, et il le savait. Le poison n'avait pas totalement fait effet ... Il pourrait se faire injecter un antidote s'il parvenait à composer le numéro du Siège après avoir tué Sonja et son adversaire.
Le Chef se redressa comme il le pouvait; certes, il chancelait. Mais il avait encore assez d'énergie pour dégainer son sabre. L'autre fit de même. Un bon combat à l'ancienne.
S'en suivit de formidables coups, de formidables esquives et figures de voltige de la part des deux adversaires. Mordecaï était très rapide: il n'était pas à la tête des Sbires pour rien. C'était un crack en combat rapproché, au grand dam de l'armoire à glace. Il avait l'avantage: l'espoir se profilait au fil des secondes. Il pourrait être sauvé. Il était fait pour vivre encore, et continuer à traquer les Morphs.
Enfin, le tueur à gages s'écroula sur le sol, en position de faiblesse: Mordecaï le dominait. Il dégaina son sabre, s'apprêtant à le planter dans le coeur de l'homme ...
Mais tout à coup, une violente douleur s'insinua dans ses muscles. Surpris, il tenta de porter sa main droite à son biceps gauche: sans effet. Il ne pouvait déjà plus bouger, et s'écroula à son tour, foudroyé.
Le tueur se releva pour contempler Mordecaï allongé dans la poussière, paralysé. C'était pour cela que Sonja avait jugé le poison nécessaire ... Elle ne s'était pas trompée.

Il leva son sabre, tel le Chef quelques secondes plus tôt. Mordecaï contempla la lame qui allait lui donner la mort. Comment avait-il pu être assez bête pour se laisser avoir? Mais heureusement, il n'était pas inquiet pour l'avenir: Raphaël était là, maintenant. C'était le principal. Son heure était venue, il ne fallait pas avoir peur de la mort.
Enfin, le contact du fer qui l'empala acheva de lui prendre la vie. Une giclée de sang, un noir, et puis plus rien. C'était terminé.



Le lendemain, les policiers retrouvèrent le corps de Mordecaï dans le lac: les poissons avaient dévoré ses entrailles. Son corps était mutilé: outre sa blessure béante à la poitrine, ses veines étaient tranchées et son ventre lacéré. Le meurtrier s'était défoulé sur sa victime presque inutilement ... Des questions sans réponse subsisteraient quant à cette affaire ...


[Adieu Mordecaï xD]

Kazuo ne savait pas vraiment pourquoi il était revenu ici. Il était en quête d'un Morphs pour l'empailleur, enfin, pour les 200 000 moyins de l'empailleur.
Il espérait naïvement recroiser Ashe. Les chances pour qu'il la retrouve là étaient minces, quant à celles que la jeune fille se présente devant lui, elles l'étaient encore plus. Le jeune sbire savait tout cela, mais il n'avait pas pu résister à la tentation. Rien ne lui ferait plus plaisir que de la voir se faire écorcher, et d'observer son patron -son employeur, seul Mordecaï méritait d'être appelé patron- donner vie( si vie était le terme) à une carcasse de paille en le couvrant de l'épiderme autrefois protecteur devenu décoratif, laissant agoniser le corps de chair, les chairs à vif, cherchant désespérément à mourir. Peut-être qu'avec un peu de chance son employeur lui laisserai le corps, pour qu'il puisse s'amuser un peu avant qu'Ashe ne meure. C'était fort peu probable cependant, le taxidermiste voulant tuer le Morphs qu'il lui apporterait lui même. Quel dommage. Cela aurait été un spectacle des
plus... distrayants. Chemin faisant, il repensa brièvement à sa rencontre avec l'Elue du dieu ocelot. Il se rappela la haine qui l'avait consumé ce soir là, il se rappelait avec quelle force il avait désirer lui ôter la vie. Elle n'avait pas le droit de savoir. Pour ses parents. Personne n'en avait le droit.

*Peut-être en parlerais-je à Livia, un jour.*

La jeune femme l'obsédait de plus en plus. Il ne pouvait oublier leur rencontre, alor qu'il vnait d'achever une de ses victimes. Il ne pouvait oublier ses yeux, son parfum, la façon si particulière qu'elle avait de se mordre la lèvre, le goût de ses lèvres contre les siennes lorsqu'il avait timidement essayé de l'embrasser. Il se rappelait encore à quel point il avait craint sa réaction. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite l'attroupement de policiers qui s'étaient ammassés au bord du lac. Lorsqu'enfin il les vit, sa première réaction fut de s'éloigner discrètement vers les bois environnants. Il n'avait aucun intérêt à se faire remarquer par les forces de l'ordre. Comme aucun autre sbire d'ailleurs. Il remarqua une grande tâche de sang au pieds des inspecteurs. cela l'intrigua quelque peu, mais il n'y prêta ensuite guère plus d'attention. Le parc était le théâtre de nombreuses exécutions nocturnes. Il avait lui même enterré un cadavre la veille. Soudain il entendit des cris, et un mauvais pressentiment l'assailli. Des badauds commençait leur inexorable migration, assoifés de mort, et d'images et détails sordides qui feraient à coup sûr un excellent effet sur les convives à l'heure du thé.

*Ou comment caser un triple homicide avec viol entre deux petits gâteaux apéritifs*

C'était vraiment pitoyable. Une fois de plus l'image de la truite lui revint à l'esprit. Ils étaient tous tel un banc de truites charognardes se battant bec et ongles pour une part de chair putréfiée. Ce serait à qui avait l'image la plus horrible, à qui aurait su arracher tous les détails choquant aux policiers. Son mauvais préssentiment l'assaillit de nouveau. Les hommes-grenouilles venait de remonter une dépouille. Kazuo s'approcha, intrigué lui aussi, se frayant un chemin à travers la foule. L'un d'eux le bouscula violemment, et lui jeta un regard arrogant de coq de basse cour en rut. Regard qui disparu aussitôt que le sbire se retourna. Blessé dans son orgueil, le badaud lui lanca un dernier regard d'empereur déchu, avant de s'en aller, térrifié. Il atteignit enfin la barrière de sécurité. Mordecaï. Non, ce devait être une erreur. Pourtant c'était bien son cadavre, étendu sans vie devant lui. Il aurait presque pus sentir son odeur si particulière, mélange de cuir et d'après rasage, si les relents de décomposition l'avaient permis. La tête lui tourna. Mordecaï avait été pour lui un modèle à suivre, presque un deuxième père. Voir son corps décharné et mutilé lui était intolérable. Dans le brouillard de douleur qui avait pris possession de sa tête, il entendit un des policiers parler d'un possible empoisonnement, du fait que les lèvres étaient cyanosées et que les yeux étaient injectés de sang. On pouvait mettre cela sur le compte de son bain dans l'eau glaciale. Si jamais Kazuo pouvait mettre la main sur le rapport d'autopsie, il pourrait peut-être trouver l'auteur de ce crime. Il avait une grande connaissance en poison. Il en parlerai à... il allait dire qu'il en parlerait à Mordecaï. Les larmes se mirent à couler. Il ne lui parlerait plus jamais. Ils ne buveraient plus jamais ensemble. Il ne pourrait pas lui dévoiler son plan pour la création des sbires Morphs. Il ne pourrait plus... Soudain la douleur se fit trop forte, trop violente. Il eu à peine le temps de se diriger vers un banc et de s'y allonger avnt de perdre connaissance. Quand il se réveilla, le soleil avait bien avancé dans sa course quotidienne, et les badauds étaient partis.

*Le plus grand sbire de tout les temps...servi en pâture aux poissons.*

Qui dirigerait les sbires désormais? Il prit lentement la direction de Sword Lane, d'un pas titubant, pour avertir la communauté de cette tragédie.

-Adieu, Mordecaï...Tu était le seul en qui j'avais confiance.


[-->Sword Lane]
[Raphaël ça m'arrangerait que tu sois la-bas quand j'arrive xD]